CONSEIL SYLVIANNE SPITZER

EN PROFILAGE CRIMINEL

et CRIMINOLOGIE EN ENTREPRISE

 

 

 

 

 

ULTRAVIOLENCE et PROFILAGE CRIMINEL

 

 

 

Copyright mars 2004 – juin 2009, Sylvianne Spitzer

 

 

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Par Sylvianne Spitzer et Thierry Toutin **

 

Et pourquoi ne mépriserais tu pas ton prochain

comme toi même ? (J. Revueltas)

 

Quand on a accoutumé les esprits à des idées de crime, on y accoutume bientôt les mœurs

(J. Joubert)

 

 

Ultra : latin “ au-delà ”. Au-delà de la violence. Le terme d’ultraviolence est issu de la culture médiatique. En ces temps où les actes violents sont étalés, décortiqués et valorisés, il faut réussir à faire frémir le lecteur dans une surenchère à l’horreur. Comme si plus on cherche à lutter contre la violence plus son expression doit devenir extrême. Comme s’il était possible de graduer la violence et comme s’il existait des violences moins importantes que d’autres. Mais cette violence par delà la violence, que recouvre-t-elle en fait ? Pour les enquêteurs toujours déconcertés par la violence sur les personnes, l’apport de nouvelles stratégies d’enquêtes peut leur permettre de comprendre les motivations sous-tendues, de préciser le mode opératoire mais surtout de tracer la silhouette sociologique et psychologique du commettant. C’est ce que la méthode du profilage criminologique se propose d’apporter à l’appréhension des scènes ultraviolentes.

 

 

 

 

DEFINITION ET INTERET DU PROFILAGE CRIMINOLOGIQUE

 

Il s’agit d’une méthode principalement utilisée dans les affaires criminelles violentes, multiples ou uniques, sans mobiles apparents ou évidents et non élucidées. En effet si les indices sont en quantité et qualité suffisantes pour permettre la désignation d’un coupable, le profil criminologique ne présente guère d’intérêt. Une dérive, issue du non respect de cette évidence, a conduit les enquêteurs d’Amérique du Nord a limiter leur recours à la technique du profilage : il s’agissait pour certains « profilers », après arrestation de plusieurs suspects, de désigner parmi eux le coupable par sa capacité à « coller » au profil établi. Défiez-vous de cette dérive : le profil n’est pas un moyen de preuve.

 

Le profil criminologique n’est pas non plus une technique réservée uniquement, comme on a pu le laisser croire bien trop souvent, à la traque des criminels en série. Le profilage a déjà montré son utilité dans des affaires d’incendies, de découvertes de cadavres dont les causes de la mort étaient suspectes, dans les accidents à caractères auto-érotiques et pour certains crimes sexuels perpétrés dans des conditions ultraviolentes.

 

Encore peu connu ou mal connu en France, le profilage criminologique peut être défini comme un outil complémentaire d’investigation criminelle. Cette méthode, relativement nouvelle, repose sur l’étude du dossier d’enquête, l’analyse du passage à l’acte, l’examen de la scène de crime, l’évaluation du mobile réel ou des motivations profondes de l’auteur, l’étude victimologique (examen médico-légal et biographique de la victime).

 

Grâce au décryptage des informations recueillies, les spécialistes vont tenter de cerner au mieux la personnalité de l'auteur, dresser son profil, et proposer des recommandations dans la conduite des enquêtes.

 

L’objectif du profilage réside donc dans l’orientation des recherches, restées sans résultat, à l’aide des sciences humaines et des sciences criminelles. Il peut permettre le rapprochement d’affaires, le repérage de celles qui ont été commises sur un mode similaire, ou qui présentent les mêmes caractéristiques, il peut conduire à des conclusions en vue de mettre au point des stratégies déterminées par le profil esquissé de l’auteur inconnu et surtout, il permet d’émettre des recommandations dans les domaines variés de la criminologie que sont notamment la criminalistique ou la médecine légale.

 

C’est en ce sens que l’on parle de profilage et analyse criminelle. La partie profilage concernant l’aspect psychologique, psychiatrique et psychanalytique, la partie analyse criminelle concernant les suggestions et conseils de recherches, dépassant bien souvent le cadre des sciences humaines, pour aborder celui plus vaste de l’ensemble des composantes de la criminologie. Illustrons notre propos par un cas concret  :

 

Le corps sans vie d’une personne âgée est découvert à l’intérieur de son petit pavillon de la banlieue parisienne. Il s’agit d’une femme de plus de 70 ans, décédée depuis plus d’un mois, allongée sur son lit, en état de décomposition avancée. Sa robe est remontée jusqu’au bassin, elle n’a pas de sous-vêtements, ses jambes sont légèrement écartées. Aucune effraction à la porte d’entrée de la maison, ni aux fenêtres. Cependant, des tiroirs sont ouverts, et une trace de pas de chaussures de sport est visible sur la cheminée. Pour les enquêteurs il y a des interrogations sur la présence de cette trace de pas,  sur le fait qu’on semble avoir fouillé dans les tiroirs et la position du cadavre laisse penser à une possible agression sexuelle de type gérontophilique. L’autopsie pratiquée sur cette personne ne permettra pas de déterminer les causes de la mort ni de dire si la victime a subi une agression sexuelle (détérioration du corps trop importante)

 

Pour reprendre et confirmer ce qui a déjà été dit plus haut, des hypothèses et suggestions seront formulées à propos de cette affaire.

 

 

L’hypothèse de la mort naturelle

 

Selon Michel Bénézech, la scène de crime est le continuum de la personnalité de l’auteur. L’état des lieux peut aussi refléter l’état mental d’une personne. Dans notre cas, il s’agit probablement d’un syndrome démentiel caractérisé sur le plan social par une totale incurie, une vie recluse hors du temps, une forme de désocialisation progressive accompagnés sur le plan mental de troubles mnésiques et d’une possible désorientation temporo-spatiale. Il est dit dans le dossier d’enquête que la défunte souffrait Des recommandations seront formulées afin de savoir de quelle maladie souffrait la personne décédée, quels médicaments lui étaient prescrits, de quelle nature étaient les excréments constatés sur place (animale ou humaine),  (melenae). En conclusion, la mort peut être d’origine naturelle, mais il faudra conforter cette piste en ayant une connaissance approfondie de l’histoire médico-sociale récente de l’intéressée.

 

 

L’hypothèse de la mort suspecte ou criminelle

 

Des points, restés obscurs, seront immanquablement à éclaircir. A ce sujet, des suggestions seront formulées sous formes d’interrogations.

 

A - L’évaluation de la scène de crime. De petites tâches rouges sont observées sur les bords de la cuvette des WC.  Ces tâches sont d’un rouge très vif, mais aucun prélèvement de ces dernières n’a été effectué. S’agit-il de sang humain ? Si oui, l’ADN est-il celui de la défunte ? Une datation du sang est-elle possible, compte tenu que celui de la victime doit être théoriquement de couleur marron foncé en raison de la décomposition du cadavre, et que les tâches suspectes sont d’un rouge vif, donc impossible de provenir du cadavre ?

 

La présence d’une trace de pas récente sur la cheminée soulève plusieurs questions. Pourquoi se trouve t-elle à cet endroit ? S’agit-il d’une trace de pas d’un intervenant (police, secours, funérarium, etc.) ? Quel est le type, la marque et la pointure de cette chaussure (contact avec laboratoire) ? Les traces de terres sont-elles d’un intérêt géologique particulier ?

 

Des recherches d’empreintes ont-elles été faites sur tous les objets déplacés ? A qui pouvaient servir les gants de chirurgien retrouvés sur place ?

 

B - L’évaluation du mode opératoire. Il nécessite les moyens de pénétrer sans effraction dans l’appartement et d’en ressortir en laissant le moins de traces possible. L’auteur connaît les lieux, il sait certainement qu’à l’adresse indiquée demeure une vieille dame, seule et invalide. S’agit-il d’un petit voleur surpris par le cadavre ou d’une victime surprise par un cambrioleur ? Selon les témoins, au moins une personne se rendait chez Mme Y de façon occasionnelle pour y effectuer des petits travaux. Qui est cette personne ? Possédait t-elle les clés du pavillon ? Etait-il possible de fermer la porte d’entrée de la maison de l’extérieur en laissant engagées les clés côté intérieur ? Il faudrait déterminer si, après identification, cette personne inconnue qui rendait visite à Mme Y, a des antécédents judiciaires et/ou psychiatriques ?

 

Au cas ou les tâches rouges soient du sang et que l’ADN extrait ne soit pas celui de Mme Y, il serait nécessaire de procéder à une comparaison sur l’inconnu après identification de ce dernier. Peut-on déterminer, avec le plus de précisions possible, si d’autres personnes avaient accès au domicile de Mme Y.

 

C - L’évaluation des mobiles. Pour conforter l’hypothèse criminelle il faudra déterminer le mobile, si mobile il y a.

 

Le vol comme mobile paraît improbable. Des sommes d’argent déposées en évidence sur la table de la salle à manger n’ont pas été subtilisées, ni même les carnets de chèques.

 

La vengeance ne semble pas envisageable non plus. Une personne âgée de 70 ans, vivant de façon recluse, invalide, solitaire ne doit pas avoir beaucoup d’ennemis.

 

Une secret de famille. Que pouvait-on bien vouloir chercher dans tous ces tiroirs, si ne n’est pas de l’argent ? De plus on ne connaissait aucune famille à Madame X.

 

La maladie mentale. C’est possible. Mais s’il y avait des éléments de dépersonnalisation sur le corps de la victime, nous ne le saurons jamais… De plus, aucun fait similaire n’a été découvert dans les environs

 

La gratification sexuelle. Impossible à déterminer à l’autopsie. Cependant, si tel était le cas, le profil de la personne à rechercher serait celui d’un homme plutôt svelte, connaissant le quartier et la victime, habitant peut-être même les environs. Sur le plan mental c’est apparemment en direction des paraphilies qu’il faudrait chercher. C’est à dire vers ces troubles sexuels caractérisés par l’existence d’impulsions sexuelles répétées et intenses impliquant soit des objets, soit des personnes non consentantes (frotteurisme, gérontophilie, pédophilie, l’exhibitionnisme etc.) Ces troubles sont aussi nommés perversions sexuelles ou déviances sexuelles.

 

 

 

 

 

UNE APPROCHE CRIMINOLOGIQUE DE L’ENQUETE

 

L’étude du dossier

 

Cette première analyse comprend l'examen détaillé des faits, à partir du dossier, qui doit contenir les photos des lieux du crime, celles des lieux de la découverte des cadavres pour les homicides, les photos de la victime, un reportage vidéo des lieux (si possible), les clichés des pièces à conviction, un plan des lieux, des photographies aériennes (lorsque cela semble nécessaire), les récits et impressions des premiers intervenants (SAMU, pompiers, secouristes), les renseignements sur les prélèvements effectués par la police scientifique, les procès-verbaux de constatations, d'auditions, d'enquête de voisinage et tous les éléments éventuels de témoignages et d'auditions des victimes vivantes ( viols, tentatives d'homicides).

 

La première phase doit pouvoir être normalement complétée par un transport sur les lieux de la part des spécialistes, qui doivent s’efforcer de rencontrer le ou les directeurs d’enquêtes, chaque fois que cela semble utile.

 

 

L’examen victimologique

 

Il s’agit de tenir compte de la victime en tant que personne en interaction dans ses environnements social et intime. On parle d’analyse victimologique lorsque la victime est survivante et d’autopsie psychologique lorsque la victime est décédée.

 

L'examen victimologique concerne les éléments extérieurs se rapportant à l'existence de la victime, comme les éléments internes et personnels de son mode de vie. Une victime qui mène une existence marginale, solitaire, sans famille, dont on ne s'aperçoit pas tout de suite de la disparition, est considérée comme une victime "à bas risque" (du point de vue de l’agresseur). Il s'agit, par exemple des auto-stoppeurs, des prostituées, des sdf, de marginaux en rupture ou de mineurs en fugue.

 

La victime "à bas risque" concerne aussi toute personne non susceptibles de se défendre ou de résister, personnes seules, femmes, vieillards, enfants livrés à eux mêmes et à la rue.

 

A l'inverse, la victime "à haut risque" pour l’agresseur correspond à la personne socialement intégrée qui vit en famille, possède des collègues de travail, des voisins, et dont la disparition ne passe pas inaperçue. Il en va de même pour celle susceptible de se défendre, de résister et de compromettre ainsi la santé physique d'un agresseur ou d'apporter un témoignage accablant.

 

L'étude approfondie de la victime, décédée ou pas, et de sa biographie (style de vie, état mental, comportements émis dans la semaine avant l’agression…), permettent bien souvent de refléter l'état psychosocial de l'agresseur.

 

Pour les victimes d'homicides, les découvertes de cadavres et les cadavres non identifiés, dont la mort peut être d'origine criminelle,  le rapport d'autopsie est joint à la demande de profil. Il est accompagné des photographies de l'autopsie. Pour les incendies et explosions consécutifs à un acte malveillant, le rapport du laboratoire de criminalistique et celui des pompiers est demandé avec les résultats des examens des prélèvements effectués sur les lieux

           

Pour les cadavres, chaque blessure doit permettre de déterminer l'arme utilisée, si les coups portés sont post-mortem ou ante-mortem, leur localisation, leur forme et l’ordre dans lequel ils ont été portés. Pareillement pour les violences sexuelles. Ont-elles été commises avant ou après la mort ? Des conclusions sont aussi tirées à partir des analyses toxicologiques, y-a-t-il eu emploi de sédatifs, poisons, drogues ?

 

Dans une affaire, il faut aussi se demander quel besoin l'agresseur satisfait en sélectionnant cette victime. En général les criminels ne commettent pas leurs crimes par accident. Ils ont leurs propres raisons -parfois floues- d'interagir avec cette victime. Si on peut comprendre pourquoi et comment l'agresseur a sélectionné sa victime, alors on devrait aussi être capable d'établir un ou des liens entre la victime et l'agresseur. Ces liens peuvent être géographiques, temporels, spatiaux, relatifs au travail, à l'école, aux loisirs. Ils peuvent se croiser de temps en temps. Les possibilités sont illimitées.

 

De plus, si on peut comprendre comment et pourquoi un agresseur a sélectionné sa victime, alors on a une meilleure chance de prévoir le type de victime qu'il choisira dans le futur. Cela donne une orientation à l'enquête.

 

Mais même si le processus de sélection de victimes par un agresseur est aléatoire, on peut en tirer des conclusions (sur le type d'approche par exemple).

 

 

Le mode opératoire

 

L'analyse de la scène de crime concerne l'élaboration concertée de réponses aux questions que posent les faits. Notamment dans la classification du type de passage à l'acte et des motifs ou mobiles de l'auteur. S'agit-il du premier fait, ou bien le degré d'organisation indique-t-il l'existence de plusieurs autres non encore découverts ? S'agit-il d'un solitaire ou d’une bande ?

 

L'évaluation des risques encourus par le criminel au niveau du temps et de l'espace tels l'heure de commission et le lieu des faits apportent de précieux renseignements aux analystes. Les déductions ne sont pas les mêmes si le crime est commis de jour ou de nuit, en fin de semaine ou au début.

 

Au plan de l'espace, l'endroit où les faits se sont déroulés est très révélateur. Est-ce un lieu isolé, à l'abri du regard indiscret de témoins potentiels, ou bien un lieu facile d'accès, ouvert au public et à la vue de tous ?

 

Le facteur temps concerne celui passé à tuer, violer, mutiler, fabriquer une bombe ou préparer un incendie. Des conclusions s'imposent à propos de la vitesse d'exécution du ou des crimes et de la sophistication à commettre ces derniers.

 

On distingue ainsi les modes opératoires à bas risque et à haut risque. L’expression de mode opératoire “ à bas risque ” recouvre les agressions avec planification et mise en place d'actes de précaution avant, pendant et après le crime. Dans ces situations, l’agresseur garde le contrôle ou a peu de chances d'être vu et donc plus tard identifié, par exemple : endroits sombres ou faiblement éclairés, heure de la journée : tard dans la nuit ou tôt le matin lorsqu'il y a peu de témoins potentiels à proximité, lieu d'agression très éloigné du lieu de résidence de l'agresseur, accessibilité de la victime.

 

Dans le concept de mode opératoire “ à haut risque ”, les risques se réfèrent à l’agresseur qui fait preuve de peu d’habileté, de peu de planification et de peu d’actes de précaution avant, pendant et après le crime. Ces agresseurs agissent dans des lieux dans lesquels ils ont de hauts risques d’être vus ou reconnus et donc plus tard identifiés (endroit public en plein jour ou devant des caméras vidéo) ou par la commission de certains actes et/ou l’omission de certains autres, par exemple : faire voir son visage à la victime, laisser la victime en vie, s’en prendre à une personne connue qui pourra facilement être rapprochée de son agresseur

 

L'appréciation des aspects particuliers du passage à l'acte s'applique à ce que les spécialistes appellent "la signature" du criminel. Ces signatures sont diverses et concernent les personnifications et signes distinctifs de chaque individu pendant et après le passage à l'acte. Elles peuvent être aussi bien volontaires qu'involontaires.

 

Ces "signatures" particulières, qui concernent la façon d'opérer, sont multiples. Elles concernent notamment, les mutilations et actes de tortures, les moyens utilisés pour tuer, violer, incendier, les lettres anonymes laissées sur les lieux à l'attention de la police, les slogans et inscriptions sur les murs, les objets subtilisés aux victimes, les objets volontairement laissés par l'auteur, les revendications téléphoniques de ce dernier et même la manière de tuer.

 

Autant d'éléments qui complètent l'élaboration d'un profil psychologique et permettent d'avoir une bonne synthèse de la logique du criminel. A ce stade, les analystes ont déjà un aperçu du type de personne à rechercher. Ils peuvent émettre des opinions sur le fait que l'auteur soit persuadé de son impunité, de sa non capture, de sa supériorité par rapport aux forces de l'ordre, de son invincibilité, de sa situation de stress et de ses fantasmes insurmontables, du degré de son éventuel état délirant, qu'il n'arrive pas à contrôler, de ses pulsions, s'il a un besoin vital d'excitation et de son caractère expansif ou renfermé.

 

 

Evaluation du mobile ou des motivations probables de l’auteur

 

L'évaluation des mobiles doit permettre de définir s'il s'agit, en matière d'homicide par exemple, d'un crime à connotation sexuelle, d'un crime à caractère mystique (satanique, mystico-religieux), d'un crime à caractère politique (fanatique, extrémiste, raciste), d'un crime d'ordre pathologique (colère impulsive du psychopathe immature, délire interprétatif du paranoïaque, du jaloux pathologique ou de l’érotomane, plaisir narcissique de domination du pervers,  altruisme mélancolique suicidaire du maniaco-dépressif, réaction impulsive de certains paranoïaques et oligophrènes, délire hallucinatoire de l’alcoolique, du toxicomane en crise, de certaines psychoses dissociatives : schizophrènies et bouffées délirantes aiguës, troubles organiques hallucinatoires et confusionnels dans les cas de démence, d’arriération profonde et d’alcoolisme chronique, d'un crime impulsif lié à la colère ou la haine, d'un crime lié à l'alcool ou à la drogue, d'un crime  par compassion ou altruisme morbide, d'un crime “ maquillé ” dont les mobiles sont plus “ classiques ” (vengeance, règlements de compte, vol, crime passionnel) d’un crime rituel ?

 

Une agression est toujours multidéterminée. L’étude d’une scène de crime isolée ne donne pas une vision dynamique dans le temps de l’agresseur. C’est un outil d’évaluation des comportements de l’agresseur à un instant “ t ”, dans un contexte spécifique avec une victime donnée (“ cliché ”). Or, nous devons accepter que plusieurs motivations co-existent au cours d’une agression ou sur plusieurs agressions par un même commettant.

 

 

 

 

L’APPORT DU PROFILAGE CRIMINOLOGIQUE

 

Elaboration du profil et recommandations pour les investigations

           

En réponse aux questions que pose la scène de crime, le choix de la victime, le mobile et l'aspect personnalisé du passage à l’acte (signatures), correspondent des tendances criminologiques.

 

Ces typologies ne constituent que des orientations, observées par les experts à la suite d'études menées dans les milieux pénitentiaires et de psychiatrie spécialisée, auprès de criminels violents. Ils ont en quelque sorte dressé un tableau, divisé en deux groupes, à l’aide duquel il est possible de construire un profil de l'inconnu, après avoir émis des hypothèses et procédé à la synthèse des faits et au décryptage de ceux-ci. On peut dire qu'à ce seul niveau la méthode est  plutôt inductive.

 

Cette classification française, (Michel Bénézech) : criminels psychopathes (organisés) et criminels psychotiques (désorganisés) ne constitue pas une division rigide dont les effets seraient réducteurs, mais plutôt une grille de lecture dont les paramètres sont à nuancer. Il va de soi qu'un individu peut avoir commis des actes dont le mode opératoire est typique du criminel organisé, mais dont le choix de la victime ressemble plus à celui d'un comportement désorganisé.

 

Dans le cas de crimes passionnels, le lieu des faits et le mode opératoire peuvent avoir été volontairement, déguisés, maquillés, désordonnés, afin d'orienter l'enquête vers un crime crapuleux ou la démence meurtrière. En fait, l'auteur a parfaitement planifié son crime, dont le véritable mobile est lié à la vengeance, la rupture ou la jalousie.

 

Michel Bénézech, médecin-psychiatre, note que “ En pratique, dans la majorité des cas en France, on observe à la fois des signes d’organisation et de désorganisation, c’est-à-dire des scènes de crime de type mixte. Un mode opératoire très bien organisé évoque un criminel professionnel ou un tueur en série par domination, manipulation, contrôle ou sadisme (fantasmatique sexuelle déviante) alors qu’un comportement criminel fortement désorganisé fait penser en premier lieu à un tueur psychotique (impulsivité pathologique).

 

Cependant, un homicide dont la scène de crime témoigne d’un comportement désorganisé n’est pas obligatoirement perpétré par un malade mental psychotique halluciné, dissocié ou confus (patient en phase délirante aiguë, schizophrène paranoïde). Il peut être commis par un sadique se laissant aller à l’orgasme incontrôlé de plaisir et de violence, par un adolescent dysharmonique, par un sujet à la personnalité traversant une crise dépressive, passionnelle, existentielle, coléreuse, émotive, ou soumis à l’influence directe de l’alcool, de la drogue ou d’un événement déclencheur majeur (stresseur) ”.      

 

D’ailleurs, dans les événements ultraviolents la triade “ alcool, drogue, sexe ” est le plus souvent évoquée.

 

 

Un domaine d’application réservé à des faits ultraviolents ?

 

Il est peut-être nécessaire de rappeler que les comportements violents ne sont pas l'apanage d'une espèce particulière d'individus. Comme le souligne Charles Diaz, commissaire divisionnaire, à propos des auteurs de faits violents : " On y trouve aussi bien des psychopathes confirmés que des hommes et des femmes normalement équilibrés en apparence. On y croise de modestes pères de famille sans histoire tout comme des marginaux au parcours social sinueux ".

 

On peut classer en quatre groupes principaux les infractions pour lesquelles le profilage criminel peut s’appliquer :

 

Les violences physique, contre les personnes peuvent être regroupées dans cette catégorie comprenant : les homicides, les tentatives d'homicides et les violences volontaires les plus graves, c'est-à-dire avec actes de tortures et/ou de barbarie (homicides en série, parricide, infanticide, crimes rituels, etc…)

 

Les violences sexuelles, essentiellement le viol et diverses agressions sexuelles, commises avec une certaine violence et un certain sadisme (viols collectifs, pornographie pédophilique, agressions sexuelles avec actes de tortures ou de barbarie). Pour les cas de snuff-movies de type bondage ou sado-masochistes, il n’est pas certain que le profilage et l’analyse criminelle soient d’un grand secours.

 

Les destructions volontaires de biens publics ou privés par l'effet d'incendies, d'explosions ou de tous autres moyens, dont les éventuelles revendications sont une précieuse source de renseignements pour les analystes.

Les violences morales, c'est à dire par voie de lettres ou d'appels téléphoniques anonymes et malveillants, s’accompagnant de menaces de mort, de dénonciations calomnieuses graves, de revendications d'un crime, de demande de rançon ou de chantage. Cette catégorie comprend également les affaires de disparitions inquiétantes de personnes et les fausses revendications de crimes.

 

Toutes ces infractions donnent lieu à des scènes différentes quant à leurs localisations bien sur (scène « géographiquement » concrète, localisation à représentation symbolique, support papier ou vidéo, internet...), mais aussi quant aux traces des composantes de la personnalité du commettant.

 

Ainsi tel le portrait de Dorian Gray qui se marque de la perversion et du crime alors que l’âme et le visage du jeune dandy restent inaltérés, plus la scène de crime est violente, et plus elle peut être l’expression de l’accumulation des « stigmates » d’un déséquilibre mental (troubles de la personnalité ou maladie mentale du commettant) et plus elle se prête à l’analyse criminologique. C’est le second paradoxe du profil criminologique, en premier lieu plus un agresseur commet de scènes de crime plus son profil sera affiné et en second lieu plus la scène sera d’une violence extrême et au mieux les motivations de l’agresseur seront cernées.

 

 

 

 

CONDITIONS ET LIMITES

 

Basé sur la logique, l’expérience et le savoir, le profilage criminel n’est pas vraiment une science exacte. Il ne peut offrir que des hypothèses. Il s’agit de l’une de ses principales limites. Il ne peut proposer que des perspectives sur le fonctionnement psychique plausible de l'auteur, son âge, sa situation sociale, familiale ou son niveau intellectuel.

 

Voilà pourquoi il est nécessaire d'indiquer que le profilage psychologique n'identifie pas les auteurs de crimes, il permet seulement de dresser le tableau probable de leur personnalité et ainsi aider à la décision en cours d’enquête, orienter et parfois même recentrer certaines enquêtes restées au point mort.

 

Une autre limite du profilage criminel, tient au fait qu'il s'applique principalement aux crimes violents, multiples ou non, commis par des acteurs présentant des troubles de la personnalité ou une maladie mentale, qui n’ont ni mobile apparent, ni aucun lien avec leur victime. Les auteurs d'homicides ordinaires, crimes passionnels ou crapuleux qui tuent par jalousie, pour un règlement de compte lié à l'argent ou pour accomplir une vengeance, ont un mobile évident, "normal", logique, rationnel. Les victimes sont, dans ce type de cas, connues de leurs agresseurs qui ne les ont pas “ ciblées ” par hasard. Il y a, en quelque sorte, un lien de cause à effet entre la victime et le meurtrier. Une enquête bien menée permet d'élucider les mobiles de ces crimes pour lesquels le profilage n'est pas d'un grand secours.

 

En revanche, lorsqu'il s'agit d'homicides, d'incendies, d'agressions sexuelles, dont les mobiles sont flous et non intelligibles en apparence, et que le choix des victimes semble hasardeux, l'apport des sciences humaines peut permettre parfois de faire la différence.

 

Au sujet des délits dits d'appropriation (vols à main armée, cambriolages, abus de confiance, etc...), le profilage trouve ses limites par le fait que ce type d’infraction laisse peu d'éléments à analyser sur place (et qu’elles sont trop nombreuses).

 

En outre, l'échec d'une analyse psycho-criminologique d'une scène de crime peut résulter de la modification involontaire des lieux, par les services intervenants, tels les pompiers, la police et la médecin d’urgence. Il est parfois difficile de concilier les impératifs de secours avec ceux de l'investigation, surtout lorsque des vies sont encore en danger et qu'il est nécessaire de prendre des mesures préjudiciables à l'enquête. Bien entendu, les lieux peuvent aussi avoir été modifiés volontairement par le ou les auteurs des faits, mais cette fois c’est aux spécialistes de chercher pourquoi. La mise en scène du lieu des faits, lorsqu’elle peut être démontrée, peut aider à cerner les motivations et/ou la signature de l’agresseur.

 

Le nombre d'éléments d'enquête recueillis est de nature à favoriser au mieux l'élaboration d'un profil fiable. Plus il y a d'éléments, de faits, et de détails, plus le taux de corrélation entre le profil de l’inconnu  et celui de l’auteur réel sera élevé. A l'inverse, il ne sera que très global, et finalement peu utile pour les enquêteurs de terrain, si les éléments découverts ou recueillis sont insuffisants ou peu nombreux.

 

Enfin les limites d'un bon portrait-robot criminologique dépendent aussi du degré de professionnalisme des spécialistes. Du fait de l’absence de formation diplômante, d’un statut juridique reconnu et d’un code de déontologie auquel adhérer, les magistrats instructeurs comme les professionnels des forces de l’ordre sont aujourd’hui sollicités par des pseudo « profilers » de tous grains qui se proposent d’intervenir dans le cadre de l’enquête judiciaire sans éthique et sans professionnalisme. Au sein de l’Association Nationale des « Profilers » et Analystes Criminels, nous déplorons cette récupération commerciale et médiatique qui va à l’encontre des opportunités d’une création d’une nouvelle catégorie d’experts inscrits sur les listes des cour d’appel, celle du profilage criminologique.

 

D’autre part, il est nécessaire de rappeler que, pour être efficace au maximum, le profilage ne devrait pas être le travail d'une seule personne mais plutôt celui d’une collégialité d’experts. Bien qu’il ne s’agisse pas d’expertises au sens strict du terme, mais d’examens techniques apparentés à l’expertise, le profilage doit pouvoir réunir parfois, à côté des professionnels de l’investigation et de la psychologie, des spécialistes d’horizons différents, tant son champ recouvre des disciplines variées (entomologie, toxicologie, balistique, biologie, etc..)

 

Comme le rappelle Claude Jobin, Adjudant-chef de la Gendarmerie Nationale, psychologue, expert en profilage criminel  “ Le profilage est au carrefour de diverses sciences et disciplines : médecine légale, police technique et scientifique, anthropologie, psychologie, psychanalyse, psychiatrie, criminologie, sociologie, victimologie. Il exige une solide formation et une culture certaine, une grande ouverture d’esprit et une déontologie. Mais tout cela ne vaut que si le profileur fait preuve de méthode, de rigueur, d’humilité et que le travail est établi dans un climat de confiance. La technique n’est rien sans la personne qui la met en œuvre, et les informations qui lui sont communiquées… Le profil n’affirme que des probabilités, lesquelles doivent être étayées par des faits constatés. En fait c’est une grille de lecture et d’analyse des comportements humains, dont l’origine est pluridisciplinaire”.

 

 

 

CONCLUSION

 

Les individus agissent avec des motifs précis et en adaptation à un environnement donné. La sociologie a bien tenté dans ses différentes approches d’expliquer l’usage de la violence. Mais elle n’a pas répondu à toutes les questions. Pourquoi des comportements si différents d’un individu à l’autre ? C’est ici que l’apport psychologique trouve toute sa raison d’être. Il faut reconstituer la biographie de la victime pour tenter de cerner celle de son agresseur. La compréhension de la relation du commettant à sa victime et à son environnement, l’enchaînement des motivations et des comportements qui ont mené du passage à l’acte violent puis à l’extrême violence, c’est ce que tente de dessiner le profilage criminologique.

 

 

* Sylvianne Spitzer, Psychologue, diplômée de criminologie appliquée à l’expertise mentale et de criminalistique de l’Université Paris V, Expert Européen agréé (AEXEA) membre de la Commission Criminologie, présidente de l’Association Nationale des “Profilers” et Analystes Criminels, BP-43 - 92122  MONTROUGE cedex

 

** Thierry Toutin, Capitaine de police, diplômé de criminologie, de victimologie et de psychiatrie légale, expert européen agréé AEXEA membre de la Commission Criminologie. IHESI, 19 rue Péclet 75015 PARIS.

 

 

 

Bibliographie

 

 

n     ASSOCIATION NATIONALE DES « PROFILERS » et ANALYSTES CRIMINELS, 2002, code de déontologie, en cours de finalisation

n     BENEZECH Michel, 1996, Classification des homicides volontaires et psychiatrie, Annales médico-psychologiques, 154

n     BENEZECH Michel, 1999, Le psychiatre et la scène de crime : au sujet du profilage psychologique de l’agresseur homicide, Annales médico-psychologiques, 157

n     DENNEY James P., LEE Donald, 1997,The emergence and employment of strategic ultraviolence in the management of criminal enterprise ”, Publication électronique

n     DIAZ C. Fontanaud. DESFARGES M., 1994, Le livre du crime, Paris, Calmann-Lévy,

n     HERMAN WELLS Ruth, 1998, “ The child welfare report : spot and stop extreme violence ”, Fall, Publication électronique

n     JOBIN Claude, “ Le profilage en matières d’enquêtes criminelles ”, CNFPJ – Gendarmerie de Fontainebleau

n     MUCCHIELLI Laurent, 1999, “ La déviance : normes, transgression et stigmatisation ”, Sciences Humaines, n°99, 20-25

n     SPITZER Sylvianne, 2000, “ Le profilage criminel ”, Forensic n°1

n     SPITZER Sylvianne, 2001, “ Profil psychologique et scène de crime : dichotomie types “ expressif ” et “ instrumental ” ”, Forensic n°7/8

n     SPITZER Sylvianne, 2002, « le profilage criminel : petit historique », revue électronique « Esprit Critique »

n     TOUTIN Thierry, 2000, Le profilage criminel, IHESI – La documentation française

n     WINTER Jean-Pierre, 1999, “ tentative de “ viologie ” ”, in HERITIER Françoise, De la violence, Paris, Odile Jacob, 269-288

 

 

 

 

- Thierry Toutin :

Capitaine de Police, diplômé de criminologie, de psychiatrie légale et de victimologie, est officier de police judiciaire en région parisienne dans une unité départementale de nuit de la Sécurité Publique.

 

Membre du Collège des Criminologues Chercheurs Praticiens et Enseignants (CCPE), il mène des études et recherches en criminologie depuis 1983, essentiellement dans le domaine des comportements criminels. Auteur d’un ouvrage Le profilage criminel, paru à la Documentation Française.

 

© Sylvianne Spitzer

 

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