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« TECHNOPHILIE » ou les cyber agressions
sexuelles Internet et criminalité Copyright mars 2004 – juin 2009, Sylvianne
Spitzer psychologie
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Aujourd’hui
il est encore difficile de préciser les contours du profils des personnes qui
se connectent à l’Internet à la recherche d’opportunités criminelles. Un
nombre encore insuffisant d’informations a d’ores et déjà été collecté afin
de déterminer si ceux qui engagent des activités criminelles de façon
« traditionnelle » présentent le même profil que ceux qui utilisent
la technologie informatique pour arriver aux mêmes fins. Mais il est déjà
possible de tirer quelques enseignements de ces informations. Nous verrons
ci-dessous un exemple d’activités criminelles avec usage de l’Internet :
les recherches de cyber sexe2 avec des enfants et de
relations sexuelles. L’expression de « technophilie »,
construite à partir du terme de « paraphilie3 »,
est aujourd’hui utilisée dans les pays anglo-saxons pour définir l’usage de
la technologie informatique dans le cadre d’une déviance sexuelle. L’internet
est un réseau de communication mondial qui relie des réseaux et des
ordinateurs individuels. L’internet permet de faire passer de très
nombreuses informations sous forme de textes, de sons, d’images, de
photos et de vidéos rapidement et facilement. L’internet permet
donc de mettre en contact un nombre très élevé de personnes dans le
but d’échanger des informations de façon gratuite ou payante avec possibilité
d’être sous couvert de l’anonymat. Ainsi, l’Internet ouvre un
monde de possibilités à nos enfants, étendant leur horizon, leur faisant
découvrir différentes cultures, mais ils peuvent aussi y être exposés à des
dangers. Il existe en effet des individus qui tentent d’exploiter
sexuellement les enfants par le biais de l’Internet. S’il
existe peu d’études portant sur la présence de pornographie impliquant des
enfants au sein de l’Internet, les organismes de protection de l’enfance nous
permettent de nous faire une idée des contenus des différents sites et
échanges relatifs à la pornographie infantile. Ce sont en général des pages
présentant des photographies d’enfants dans des situations explicitement
sexuelles ou incitant à l’exploitation sexuelle. Certains groupes de
discussion font explicitement référence à la pornographie infantile dans leur
contenu, bien que leur intitulé en soit fort éloigné. Mais, et
c’est là qu’est aussi un des dangers, les discussions via le
« chat » ou même via l’envoi d’emails peut permettre à toute
personne d’entrer en contact avec des enfants qui peuvent alors devenir une
cible potentielle directe pour des pervers sexuels. En
ce début d’année, un homme a réussi à pénétrer dans la maison des Thomas sans
leur consentement et sans qu’ils s’en aperçoivent. L’intrus n’est pas un
cambrioleur et ses intentions sont plus sombres que le vol de biens de
valeurs. D’un lieu éloigné, il a pris contact avec l’adolescente de la
famille via l’Internet, jeune fille de 13 ans qui ne recherchait que des
contacts avec d’autres jeunes de son âge. Au lieu et place de cela, elle est
devenue une proie. Cela se passe en semaine, dans le milieu confiné d’une
famille équilibrée. Via
le « chat », le technophile fait tout pour se présenter comme un
ami. Dans le but de contacts en tout amitié, il arrive à obtenir son adresse
email. Dès lors, il la bombarde quotidiennement pendant deux mois de messages
dans le but de la rencontrer, mais plus virtuellement cette fois. La toute
jeune fille rentre dans un combat aux forces inégales. Mais ce n’est pas elle
qui a l’avantage. Elle n’arrive pas à repousser les avances de celui qui la
contacte. Il lui envoie de nombreuses photographies à caractère
pornographique y compris des photos de ses organes génitaux et après mains
contacts par téléphone mobile par lesquels il la convainc de son amour pour
elle, ils finissent par convenir d’un rendez-vous dans un endroit public. Son
agresseur de 33 ans arrive à l’heure dite en voiture et après discussion
entraîne l’adolescente dans un appartement où elle
subira de nombreux assauts sexuels. Cette
histoire est tragique mais démontre bien que les technophiles sont prêts à
tout pour arriver à leurs fins. Le temps n’est pas une limite, pas plus que l’horaire
et le lieu des contacts. Les
technophiles prennent généralement contact via le « chat », lieu
dans l’Internet où il possible d’échanger en temps réel en donnant ainsi
l’impression d’une véritable discussion en face à face. Lors du contact toutes
capacités de manipulation et de coercition sont mises en œuvre afin d’arriver
à rencontrer l’enfant dans un but de relations sexuelles. Une moitié de ces
agresseurs se présentent comme un individu de la même tranche d’âge que leur
future victime, bien que la moyenne d’âge des technophiles soit de 35 ans.
Pour l’autre moitié le statut d’adulte n’est pas dissimulé et les échanges
adressés à l’adolescent portent immédiatement sur un contenu explicitement
sexuel, des photos d’eux-mêmes ayant pu être adressées à leur future victime.
Sur ces photos, ils sont représentés dans leur nudité. Les technophiles
collectionnant aussi tout ce qui a trait à la pornographie enfantine, ils
diffusent vers leur cible potentielle tout matériel à leur disposition :
photographies, mais aussi vidéos, extraits de films... susceptibles de mettre
en confiance le jeune très demandeur d’informations liées à la sexualité ou
de le « désensibliser » face à la pornographie. Quelque
soit la technique de prise de contact, il s’agit de manipuler la conversation
afin d’obtenir le maximum d’informations personnelles sur l’enfant ou
l’adolescent (nom, adresse, hobbies, musique favorite, centres d’intérêts)
afin d’avoir une meilleure emprise et de trouver le moyen d’accès à la cible
potentielle. Ils savent donner confiance. Ils séduisent petit à petit leur
cible par l’utilisation de moyens simples : de l’attention pour le
discours de l’enfant ou de l’adolescent, de l’émission de retour d’affection,
de la compassion, de la gentillesse et même parfois des cadeaux. Ils peuvent
proposer à un adolescent en désir de fuite familiale de venir vivre chez eux.
Certains agresseurs peuvent envoyer de l’argent à l’adolescent afin que ce
soit lui qui vienne à eux lors d’une fugue. Certains sont prêts à faire de longs
déplacements afin de rejoindre leur victime et ils peuvent passer beaucoup de
temps et dépenser beaucoup d’argent pour arriver à leurs fins. Une
autre technique consiste à utiliser une webcam (caméra) comme média. Tout
usager peut se connecter sur l’Internet et diffuser des images le montrant en
action devant son écran d’ordinateur. Ces images sont accessibles aux
adolescents qui se connectent. Il est alors possible de se livrer au cyber
sexe en direct (masturbation par exemple). Les adolescents sont en effet très
friands et curieux de tout ce qui touche aux comportements sexuels et peuvent
aller rechercher des contacts avec des pervers sexuels afin tout simplement
d’en savoir plus, ce qui fait d’eux des victimes à haut risque. Tenté,
séduit, leurré et piégé, l’adolescent accepte de livrer des images facilement
enregistrables qui peuvent être tout aussi facilement diffusées. Signalons
qu’il existe sur le web des sites « réflecteurs » ou
« miroirs », sites dans lesquels peuvent être stockées des copies de
données provenant d'autres sites Internet, données qui seront diffusées vers
d’autres personnes adultes ou mineures qui se retrouvent victimisées à leur
tour. Dans certains cas, des agresseurs, après accord avec des diffuseurs, on
pu se regarder eux-mêmes en temps réel pendant la perpétration d’un acte
sexuel avec un enfant tout en diffusant l’action sur le net mondial. Plus
rarement, certains enfants peuvent avoir aussi à faire face à un pédophile
sadique (environ 1% des pédophiles). L’enfant pourra ainsi être entraîné dans
une « chambre de tortures » dont il ne sortira qu’à sa mort. De
nombreuses études on démontré que la majorité des sujets qui s’adonnent à la
technophilie sont comme tout autre agresseur sexuel : §
La majorité de ces pervers sexuels se
persuadent que c’est leur charme, leur charisme qui a fait que l’enfant a
accepté les relations sexuelles et en aucun cas l’utilisation de moyens
coercitifs menant à un acte sexuel non désiré. Ils nie le retentissement de
leurs agissements et ne ressentent aucune honte ni ne présentent aucun
remord. §
Lorsque la rencontre peut enfin avoir
lieu, ces agresseurs se rendent au lieu de rendez-vous avec un
« kit » (préservatifs, lubrifiant, appareil photo, couvertures,…)
afin d’engager l’acte sexuel tel qu’il a été prémédité. §
Il est rare que l’agresseur ne soit
impliqué que dans une seule paraphilie. On peut retrouver par exemple des
comportements de hébéphilie (attirance sexuelle pour des adolescents
pubères), de klismaphilie (excitation sexuelle par lavements),
d’urophilie (excitation sexuelle liée à l’urine), de fétichisme, de
sado-masochisme… §
La propension à d’autres activités
criminelles a aussi été mise en avant : possession d’explosifs et
d’armes à feu, homicides, possession et vente de toxiques… §
Mais ils n’ont pas particulièrement
d’antécédents judiciaires en agressions sexuelles. Il
faut bien avouer que seul environ 1% des ceux qui commettent des crimes via
l’Internet sont appréhendés aujourd’hui. Pour des raisons liées aux
techniques d’enquête parfois tout simplement : les enquêteurs dans le
domaine de la criminalité sexuelle sur l’Internet se penchent plus sur les
relations agresseurs masculins/enfants victimes féminins. Certains agresseurs
l’ont bien compris et se sont « spécialisés » dans les relations
avec des victimes mineures de sexe masculin sachant qu’elles donnent lieu à
moins d’études, d’enquêtes et surtout de déclaration de victimisation. Aussi
on peut avoir l’impression qu’aucune loi ne régit les relations sous
l’Internet. Ce n’est pas le cas. Par contre, il est vrai que les législations
peuvent extrêmement varier d’un pays à l’autre (par exemple, aux Etats-Unis,
tout peut être dit et écrit sur le Web en raison de la liberté d’expression
garantie par le premier amendement). Aujourd’hui, une personne diffusant en
France des sites web a contenu pornographique ou d’incitation d’atteintes aux
mineurs et résidant dans un état d’Amérique du Nord peut échapper à toute
poursuite si elle est de nationalité étrangère. Mais dans les pays
anglo-saxons on voit aujourd’hui se développer une jurisprudence, base de
leur législation, mettant plus facilement en cause les fournisseurs d’accès à
l’Internet, intermédiaires entre l’émettant et le recevant, pour défaut de
contrôle des informations distribuées. L’idéal serait certainement de
s’entendre mondialement sur la légalité ou l’illégalité du contenu des sites
web. Mais le contrôle des échanges dans les groupes de discussion relève du
domaine de l’utopie, quant au contenu des emails il relève du courrier privé.
Pour finir, on notera, que l’Internet peut aussi être utilisé à d’autres fins
criminelles telles que associations de malfaiteurs/criminels, traque et
harcèlement, détournement et vols d’informations, fraude, espionnage,
terrorisme. Comment repérer un enfant-cible : §
enfant qui « surfe » en ligne
durant un temps long, tard le soir ou la nuit ou enfant laissé seul à la
maison avec possibilité de se connecter sans censure Le fait
de passer beaucoup de temps sur le « chat » accroît les
opportunités de contact avec un pervers sexuel qui se fait passer pour un
adolescent. §
fichiers à contenu pornographique retrouvé
dans le disque dur ou sur une disquette Le
contenu pornographique des fichiers adressés est censé servir d’information
et d’ouverture sur le monde de la sexualité pour le jeune, lui faire croire
que les relations sexuelles entre adultes et enfants relèvent de la
normalité. C’est aussi un moyen d’embrayer une discussion pour mieux se
livrer à des comportements de séduction. §
Enfant qui reçoit des appels de personnes
inconnues ou qui appelle des numéros inconnus Converser
en ligne n’est pas suffisant pour le technophile. Il n’est pas rare qu’il
prenne le risque d’appeler l’enfant afin de se livrer au sexe par téléphone
et d’obtenir un rendez-vous pour passez à l’acte. §
enfant qui reçoit du courrier, des cadeaux
de personnes non connues Cela
fait partie du processus de séduction que d’envoyer du courrier, des photos
ou des cadeaux à la victime potentielle. §
enfant qui éteint l’écran ou change l’affichage
d’écran lorsque quelqu’un se présente à proximité §
enfant qui s’isole de la famille Le
technophile va tout mettre en œuvre pour dresser un mur entre l’enfant
victime potentielle et sa famille ou pour exploiter les failles des relations
familiales. Il faut noter aussi que tout repli peut être le signe que
l’enfant a été victimisé. §
enfant qui utilise un compte en ligne d’un
autre membre de la famille Le
technophile est aussi susceptible de fournir à l’enfant un compte en ligne afin
de favoriser la confidentialité des échanges. Cadre
préventif pour l’enfant : .
ne jamais donner son nom, son adresse ni son numéro de téléphone .
ne jamais envoyer de photos .
n’accepter de rencontrer des personnes inconnues qu’avec la permission des
parents et en présence d’un tiers .
ne pas rester dans un groupe de discussion si le contenu met le jeune mal à
l’aise Il
est possible aussi d’utiliser des filtres qui interdisent l’accès aux sites à
contenu explicite défini selon des mots-clés (on les trouve actuellement
gratuitement sur de nombreux sites relatifs à la protection de l’enfance). 1
– Association Nationale des « Profilers » et Analystes Criminels –
BP 43, 92122 Montrouge cedex 2
- Cyber sexe : jeu de rôle avec scénario sexuel entre deux personnes ou
plus en temps réel via le « chat » 3
- Les paraphilies sont caractérisées par des préférences sexuelles
inhabituelles qui provoquent une souffrance subjective ou une altération
significatives ou bien qui impliquent des enfants et des adultes non
consentants (DSM IV) 4
– Le nom a été modifié Bibliographie
ABEL G.G., BECKER J.V., MITTELMAN M.S.,
CUNNINGHAM RATHNER J.L., MURPHY W.D., Self-reported sex crimes of
non-incarcerated paraphilics, Journal of interpersonal violence, 1987,2:3-25 AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION,
DSM IV. Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux , APA, 1996
FINGER
S., Les perversions sexuelles, Ellipses, Coll. Vivre et comprendre, 1998 FREEH J.L., A parent’s guide to Internet
safety, 2001 KAFKA M.P., Update on paraphilias and
paraphilia-related disorders, Affective Illness, 12, 6 MCLAUGHLIN J., Technophilia: a modern day
paraphilia, New Hampshire Police Association, Spring/summer 98, 51:47-51 NIGEL W., Sex computer offender, 2001, www.childnet-int.org SOUTOUL
J.H., CHEVRANT-BRETON O., Les agressions sexuelles de l’adulte et du mineur,
Ellipses, 1994 © Sylvianne Spitzer psychologie criminelle, profil criminel, profiler,
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