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PROFIL PSYCHOLOGIQUE et SCENE DE CRIME Dichotomie types “expressif” et “instrumental” Copyright mars 2004 – juin 2009, Sylvianne
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C'est
dès 1964 que la dichotomie entre agression "expressive" et
"instrumentale" apparaît, avec pour objectif dans la première
catégorie de faire souffrir la victime et dans la seconde catégorie
d'atteindre un objectif supérieur tel que l'acquisition de biens matériels. A
l'époque les auteurs décrivaient des événements, des actes. Depuis 1996,
plusieurs études ont tenté de mettre en évidence les corrélations existantes
entre différents comportements qui co-surviennent durant les actes
d'homicides. Pris séparément ou sortis de leur contexte, certains de ces
comportements pourraient être interprétés différemment. Mais en les
interprétant les uns en relations avec les autres on ne décrit pas seulement
les comportements, on en propose une analyse plus fine. Car bien que les
concepts "expressif" et "instrumental" aient été
largement utilisés, les spécificités de ces deux classes n'avaient jamais été
vraiment définies. C'est aussi l'occasion de définir quels
comportements "expressifs/instrumentaux" apparaissent pendant
l'homicide mais aussi pourquoi ils sont exprimés. En effet, nous
verrons plus loin que certaines caractéristiques des antécédents des
agresseurs -reflet de stratégies interpersonnelles dans les relations qu'ils
ont eu auparavant avec la victime mais aussi de leur expérience criminelle-
peuvent aussi être répartis entre "type expressif" ou "type
instrumental". Les
scènes de crime peuvent être différenciées en termes de la relation
"expressive" ou "instrumentale" que l'agresseur a à sa
victime. La
catégorie "type expressif" comprend des
comportements centrés sur la victime en tant que personne
("personnalisation"). La
catégorie "type instrumental" est centrée sur
des comportements en terme de conséquences qu'ils peuvent avoir pour
l'agresseur. Ici la victime est considérée comme un objet
("dépersonnalisation") ou un obstacle à une motivation supérieure
qui est orientée sur des gains matériel ou sexuel. 1.
Sur la scène de crime : comportements de
type "expressif" La
victime subie des blessures (arme blanche ou arme à feu) au torse, à la tête
et/ou aux membres. De plus, les agresseurs qui blessent les membres de leur
victime peuvent être considérés comme en situation d'assaut frénétique du
fait qu'ils continuent à attaquer malgré que la victime utilisent ses mains
et ses bras pour se protéger ou se défendre. Le fait d'avoir amené une arme
suggère que l'agresseur a anticipé une confrontation avec sa victime et/ou a
déjà eu une expérience antérieure de confrontations violentes. Après le
crime, l'agresseur déplace généralement le corps et/ou le cache. Tous
ses actes suggèrent des comportements centrés sur les besoins de l'agresseur
à se séparer à la fois de leur victime et de la scène de leur crime. De même,
cela suggère des relations antérieures entre les deux parties. Le fait que
l'on trouve peu d'indices sur la scène de crime montre que l'agresseur a
ressenti le besoin d'effacer tout ce qui pouvait le relier à sa victime, ce
qui indique clairement qu'ils n'étaient pas étrangers l'un à l'autre. Il
est moins fréquent que la victime soit empoisonnée, droguée, étouffée ou
qu'on lui bande les yeux. Ces comportements sont des voies indirectes de
relations à la victime. Bander les yeux permet à l'agresseur de
dépersonnaliser physiquement ou psychologiquement la victime afin de pouvoir
achever son crime. Etouffer ou droguer/empoisonner sa victime est une voie
indirecte de tuer une personne à laquelle on est émotionnellement attachée.
Ces "techniques" sont particulièrement utilisées sur des victimes
en situation en faiblesse : des enfants ou des personnes âgées. Scène
de crime "expressive"
Considérons
au travers du type "expressif" les comportements "déplacer le
corps" et "cacher la victime" : pris un à un, ces
comportements ont été utilisés pour définir des agresseurs dits
"organisés" (selon la classification du FBI). Cependant, lorsque
ces comportements sont mis en corrélation avec d'autres comportements
survenus dans les mêmes situations, ils co-occurrent avec des comportements
"expressifs" et "orientés sur la personne" (de la
victime). Déplacer le corps et le cacher sont certes des actes
"organisés" mais ils le sont du fait même de la victime impliquée.
C'est parce que l'agresseur connaît la victime ou parce qu'il peut y être
associé qu'il ressent le besoin de déplacer le corps. C'est bien l'importance
de la victime et sa relation à son agresseur qui s'expriment dans les
homicides "expressifs". 2.
Sur la scène de crime : les comportements
de type "instrumental" Ici
l'agresseur utilise la victime pour atteindre un but supérieur tel que le
sexe ou l'argent. Dans la majorité des cas, l'agresseur n'est pas préparé à
une confrontation interpersonnelle, aussi la victime est agressée
manuellement (étranglement, coups de poings, coups de pieds) et/ou l'arme
utilisée a été trouvée sur la scène de crime. Lorsque
des biens sont volés, ce sont des objets de valeur. Cela peut indiquer que l'agresseur
a décidé de voler sa victime après l'avoir tué, et ainsi il
"tourne" le crime en un événement profitable. L'agresseur pouvait
avoir aussi un but supérieur à l'homicide tel qu'un cambriolage. Ce qu'on
appelle les "cambriolages qui tournent mal"… Scène
de crime "instrumentale"
Les
comportements peu fréquents dans la scène de crime "instrumentale"
sont d'ordre sexuel. Ces comportements suggèrent que l'agresseur ne confère
pas à sa victime les qualités de personne avec laquelle il tenterait d'avoir
une relation interpersonnelle, mais en tant qu'objet à utiliser pour son
profit. Dans
certains cas, la victime est retrouvée couverte (couverture). Cela est à
distinguer de l'action de cacher le corps en ce qu'il suggère un embryon de
honte, impliquant que l'action de tuer ou de violer la victime ne
"colle" pas à la perception que l'agresseur a de lui en tant que
"voleur". C'est pour la même raison que le criminel met parfois le
feu à la scène de crime et/ou au corps. Comme
pour certains comportements "expressifs", des comportements du type
"instrumental" pris un a un pourraient être interprétés comme
relevant du type "expressif". C'est le cas pour les conduites à
composantes sexuelles lorsque par exemple l'agresseur viole sa victime.
Lorsque ce comportement est corrélé à d'autres actes "instrumentaux",
on obtient des comportements de vols (de biens ou de sexe). Bien que la
victime soit violée, ce n'est pas la personne réelle qui est visée mais bien
une motivation supérieure de gratification -sexuelle dans ce cas. Les
caractéristiques des antécédents des agresseurs peuvent de la même façon être
classées comme étant de type "expressif" ou
"instrumental". En effet, les analyses suggèrent la même dichotomie
thématique dans la façon dont les agresseurs entraient antérieurement en
relation avec les personnes et les situations. Les caractéristiques
comportementales de type "expressif" reflètent la façon dont
l'agresseur composait dans ses relations intimes et en cela expriment là
aussi combien la relation à la victime est importante. Les comportements de
type "instrumental" reflètent ses activités criminelles antérieures
mais aussi la façon dont l'agresseur entrait en relation avec les situations
et les objets. 3.
Caractéristiques des antécédents de type
"expressif" Les
caractéristiques qui co-occurrent dans ce thème sont relatives au relationnel
et à l'émotionnel. La relation de l'agresseur à sa victime est l'aspect le
plus important de ce thème. On y trouve les agresseurs qui ont abusé
physiquement/sexuellement de leur partenaire, ceux qui ont agressé leurs
proches ou ceux qui présentaient des troubles psychologiques ou
psychiatriques. Caractéristiques
de l'agresseur de type "expressif"
Dans
ce type on retrouve les agresseurs qui composent avec des personnes et des situations
qui ont un impact émotionnel sur eux. Il est important pour l'agresseur que
sa victime soit une personne réelle et pas juste un corps ou une
représentation. 4.
Caractéristiques des antécédents de type
"instrumental" Les
caractéristiques qui co-occurrent dans ce type sont liées à la fois aux
antécédents criminels de l'agresseur (arrestations antérieures pour vol ou
cambriolage) et au fait qu'il soit sans emploi. De fait le chômage peut être
associé aux crimes avec gains financiers tels que le vol ou le cambriolage.
On trouve aussi la variable d'emprisonnement primaire, ainsi que, bien qu'à
un moindre degré, les agressions sexuelles. De façon surprenante cette
variable co-occurre avec les crimes à gains financiers, ce qui suggère que
dans le thème "instrumental" le crime est invasif à la victime,
l'agresseur ressentant le besoin d'être "proche" physiquement de sa
victime pendant l'agression.
Conclusions De
tous les cas étudiés, 55 % présentaient le même type (instrumental ou expressif)
à la fois pour les caractéristiques de la scène de crime et des antécédents
de l'agresseur. %
de cas présentant le même thème à la fois dans les caractéristiques de la
scène de crime et des antécédents
Il
semble donc que des parallèles puissent être tracés entre la façon dont les
agresseurs agissent sur la scène de crime et certaines de leurs caractéristiques,
mais comme on peut le constater dans le tableau ci-dessus, ce n'est pas
systématiquement le cas. Il est possible que la taille limitée des
échantillons pris en considération aient des conséquences sur les résultats. Aujourd'hui
encore le profil psychologique a tendance à rester une série d'attributions,
de corrélations et de prédictions attribuées à des individus. Nous savons
pourtant que c'est une technique complexe qui a aussi besoin d'être testée
par des méthodes scientifiques. Or, on ne peut que constater le manque
d'études empiriques. Cela tend à masquer un déficit de validité et de
fiabilité dans les méthodes habituellement utilisées dans le profil criminel.
Les
résultats des études que je viens de résumer viennent s'ajouter aux données
relatives aux caractéristiques de l’agresseur mais aussi à celles de la
victime comme de la scène de crime mises à disposition dans l'élaboration du
profil. Des
études futures de cette sorte feront connaître les taux d’erreurs
réels/potentiels des profileurs praticiens et auront des implications
pratiques sur le travail des profileurs. Bibliographie CANTER
D., HERITAGE R. A multivariate model of sexual offense
behavior: developments in "offender profiling" Journal of Forensic Psychiatry, 1, 185-212,
1990 DAVIES A., WITTEBROD K., JACKSON J.L. Predicting the criminal antecedents from a
stranger rapist from his offense behavior, Science and Justice, 55, 173-194, 1997 FESBACH S. The function of aggression and the regulation
of aggressive drive Psychological Review, 71, 257-272, 1964 McCANN J. Criminal personality profiling in the
investigation of violent crime: recent advances and future directions Behavioral Sciences and the Law, 10, 474-481,
1992 PINIZZOTTO A.J. Forensic psychology: criminal personality
profiling Journal of Police Science and Administration,
12, 32-40, 1984 PINIZZOTTO A.J., FINKEL N.J. Criminal personality profiling: an outcome and
process study Law and Human Behavior, 14, 215-233, 1990 RESSLER RK.K, BURGESS A.W., DOUGLAS J.E. Sexual homicide: patterns and motives Massachusetts: Lexington Book, 1988 SAFARIK M. Profiling paper from HRWG: the 8th Annual
Symposium, FBI Academy, Quantico, Virginia, 1999 SALFATI C.G. Homicide: a behavioural analysis of crime-scene
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England, 1998 SALFATI C.G. The nature of expressiveness and
instrumentality in homicide and its implications for offender profiling The HRWG: 8th Annual Symposium, FBI
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offender characteristics from behavioural styles Behavioural Sciences and the Law, 17, 391-406,
1999 © Sylvianne Spitzer psychologie
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