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LA CONTRIBUTION DE LA VICTIME Aspects victimologiques du profilage criminel Copyright mars 2004 – juin 2009, Sylvianne
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La victimologie est dans son sens
large l’étude des victimes. Cela permet de penser l’approche dans ses aspects
multidisciplinaires : aspects juridiques, médicaux, sociaux,
psychologique…. Quant à moi et à l’objet de mon
exposé, je préfère me limiter aux définitions suivantes : -
la victimologie est la branche
de la criminologie qui étudie le rôle et la psychologie des victimes avant, pendant
après le crime (Dictionnaire Usuel de Psychologie) ; -
la victimologie est l’étude de
la personnalité des victimes de délits et de crimes, de leur statut
psychosocial et de leurs relations affectives avec leur agresseur (Grand Dictionnaire
de la Psychologie). Ce qu’on appelle la victimologie
secondaire par opposition à la victimologie primaire centrée sur les droits
des victimes. Bien que le fait de victimiser soit
aussi vieux que l’humanité elle-même, ce n’est qu’à partir des années 40 que
certains chercheurs ont commencé à s’intéresser aux victimes. Mais, si on ne
peut nier aujourd’hui que la victimologie est partie intégrante de la
criminologie, sa nature, son importance et son statut continuent à susciter
un grand nombre de commentaires et de controverses qui bloquent encore à ce
jour le développement de certains axes de recherche. Par ailleurs, le profilage criminel est basé sur le principe
des échanges de Locard : toute personne qui entre en contact avec une
personne ou un objet, en emporte quelque chose et y laisse une partie de
soi-même. Ainsi à partir des
traces criminalistiques laissées sur
la scène de crime, il s’agit de se faire une impression de celui (ou
celle) qui a commis le crime. Il ne faudrait pas oublier
un facteur important : la victime. A la fois spectatrice et actrice. Alors que les délits et les
crimes sont en constantes augmentation, les profilers utilisent plusieurs
ressources en vue d’aider les enquêteurs. Une de ces ressources sont les
victimes. Chaque donnée recueillie au sujet d’une victime est une porte
ouverte sur le psychisme de son agresseur. La victimologie est donc un aspect
essentiel dans l’établissement du profil, au contraire de l’analyse
comportementale qui ne s’intéresse qu’aux agresseurs. Le terme de victime
s’applique au moment la commission de l’agression. Avant nous parlerons de
« cible ». Or la cible doit être évaluée par l’agresseur. Tout
comme elle devra être évaluée par le profiler afin d’en dresser là aussi un
portrait, une silhouette qui pourra nous mener à son agresseur. La connaissance de la victime va
permettre au profiler de suggérer des techniques pro-actives, des stratégies
en vue d’appâter et si possible mener à l’arrestation de suspects potentiels.
La connaissance de la victime va aussi permettre de conseiller les enquêteurs
sur les procédures d’interrogatoire à mettre en œuvre. Ensuite, et c’est sans
doute l’aspect le plus important, la victimologie va permettre, en trouvant
des dénominateurs communs, de mieux cerner le type de victimes que
l’agresseur va cibler et ainsi proposer des actions préventives ou
d’informations à l’égard du public. C’est en cela que la victime
contribue à l’enquête. Depuis quelques années les recherches relatives liées à la victimologie
ont trouvé leurs limites. Non que les victimes n’aient plus rien à nous
apprendre d’elle-même et par là même de leur agresseur, mais du simple manque
de données recueillies relatives aux victimes. Certes, il existe des enquêtes
de victimation, ainsi que les données issues de l’activité des associations
d’aide aux victimes qui sont reprises par le ministère de la Justice, mais
elles restent globales et peu informatives sur les victimes elles-mêmes au
moment de leur victimisation. Ce qui ne permet pas de réaliser de la
prévention, mais juste de faire des campagnes d’information à l’égard des
personnes déjà victime. Le fichier SALVAC (Système d'Analyses et de Liens de la
Violence Associée au Crime) utilisé conjointement par la Police nationale et
la Gendarmerie nationale permet de recueillir quant à lui des données plus
précises et plus personnelles sur les victimes, mais son accès reste limité
aux seuls officiers de police judiciaire, les chercheurs ne pouvant avoir
accès à ces données du fait de leur non anonymat et parce que le fichier
SALVAC n’a toujours pas reçu, au jour où j’écris, ni l’accord de la CNIL ni
d’ailleurs le décret d’application permettant sa pleine utilisation. Au XXIème
siècle, vouloir recueillir des données sur les victime se heurtent toujours
aux mêmes arguments déjà mis en avant, à juste titre, 35 ans plus tôt lorsque
des travaux avaient tenté de classifier les degrés de consentements chez les
victimes. En effet, dès 1937, Mendelsohn réalisa des entretiens de victimes
et il en déduisit que la majorité des victimes possédaient une
« aptitude inconsciente à être victimisées ». A partir de ce
postulat, il créa une classification en 6 catégories des victimes : de
l’innocente, définie comme étant innocente ou s’étant trouvée à la mauvaise
place au mauvais moment à 5 autres catégories, englobant la plupart des
victimes, celles qui auraient contribuées à leur propre victimisation. Cette
notion a été très controversées et à mené à l’état statique dans lequel se
trouve l’étude des victimes aujourd’hui. Bien sur ! Pourquoi donc vouloir recueillir des données
personnelles sur la victimes si ce n’est pour tenter de majorer la
responsabilité de la victime et minorer la culpabilité de l’agresseur dans le
passage à l’acte ? Il s’agirait de vouloir stigmatiser la victime, voire
la survictimiser ! Voilà l’état d’esprit dans lequel nous évoluons
encore aujourd’hui dans la connaissance des victimes. A l’heure où n’importe quelle caissière de supermarché peut,
lorsque vous lui tendez votre chèque, connaître vos prénom et nom, votre
adresse et votre numéro de compte bancaire sans habilitation quelconque et
sans que personne ne s’en offusque, il est étrange de constater que le
recueil de données susceptibles de faire avancer une enquête vers l’arrestation
d’un délinquant ou d’un criminel soit aussi difficile. Or c’est bien une des taches
prioritaires de la victimologie que de collecter des données empiriques sur
les victimes. C’est donc dans ce contexte que je fais l’hypothèse dans mon
travail doctoral qu’il existe des profils de victimes selon les catégories
pénales d’atteintes aux personnes. Personne ne peut plus nier aujourd’hui l’existence du
« couple agresseur-victime » et des feedbacks comportementaux
qu’ils exercent réciproquement l’un sur l’autre. Ces interactions sont
étudiées et/ou reconstituées dans le processus de réalisation d’un profil
criminel. Mais qu’en est-il du choix de la
victime ? On devient victime par hasard mais la victime n’est pas
choisie au hasard. « Pourquoi moi ? » se questionnent les
victimes. C’est exactement de cela qu’il s’agit : comprendre ce qui chez
une personne va être le déclencheur ou le catalyseur du passage à l’acte
violent. Des travaux canadiens réalisés auprès de criminels sexuels
incarcérés tendent à montrer qu’il existe une victime « idéale »
fantasmée. Dans bien des situations, l’agresseur va se retenir de son envie
de passage à l’acte, jusqu’à ce qu’il rencontre la cible qui corresponde au
plus près à ses besoins, lui permettant ainsi de réaliser et satisfaire ses
fantasmes. Mais même si la personne finalement victimisée ne semble pas
correspondre aux critères par manque d’opportunité, on peut se demander si
elle en est si éloignée. Et si la cible choisie répondait à des critères non
formalisables consciemment ? Ces « tueurs d’étrangers »
(«stranger killers ») comme on dénomme les tueurs en série, frappent-ils
vraiment au hasard ? Ne pourrait-on se pencher sur des caractéristiques
de personnalité, de comportements, d’intégration sociale.. propres aux
victimes qui répondraient aux manques de l’agresseur, une sorte
d’exocannibalisme psychologique pour s’approprier les qualités de la victime.
Ou tout au contraire, des aspects dépressifs –qui s’expriment somatiquement-
aspects de fragilités qui en feraient une cible « facile » ?
Cet aspect, passionnant lui aussi, relève de la compréhension des motivations
des agresseurs et dévoilent les aspects prédateurs. Nous savons pour qu’il y ait passage
à l’acte qu’il faut que 3 conditions soient remplies : Un agresseur potentiel (« motivated
offender ») + des circonstances particulières (« exposure »)
+ une cible (« opportunity/attractiveness »). La manière dont est choisie la victime permet donc d’obtenir
un aperçu de la psychologie de l’agresseur, de ses désirs, qui affectent la
façon dont il a agit et interagit avec sa victime. Encore faut-il récupérer des données dites
« sensibles » sur la victime , toutes données susceptibles de
mieux cerner les milieux dans lesquels le commettant est susceptibles de
graviter, les circonstances qui lui auraient permis de « cibler »
la victime, les éléments catalyseurs de l’agression. Il s’agit de construire un questionnaire auquel des victimes
répondront, sur la base du volontariat seulement bien sur. L’approche, majoritairement
issues des fiches SALVAC, se verra complétées par d’autres aspects non prévus
à l’évaluation dans la version utilisée à ce jour. A partir des données recueillies, dans le cadre du profil, on
tentera de répondre aux questions suivantes : n
pourquoi cette personne en
particulier ? n
était-ce de la préméditation
ou une agression opportuniste ? n
quels étaient les risques
pour cette personne d’être victimisée ? n
quels risques à dû prendre
l’agresseur pour commettre son acte ? n
comment la victime a-t-elle
été approchée et attaquée ? n
comment a réagit la
victime ? Les réponses à ces quelques questions peuvent fournir au
profiler des idées sur les motivations et le mode opératoire de l’agresseur.
On peut en déduire des informations sur l’agresseurs : ces connaissances
en techniques policières, son type de métier, ses loisirs, certaines
caractéristiques physiques, ses capacités sociales (facilité de contact, de
persuasion, type de langage….) par exemple. Il n’en reste pas moins que ces informations déduites doivent
être comparées aux données disponibles à partir de la scène de crime (indices
criminalistiques). Les aspects victimologiques du profil criminel ne doivent pas
être négligés. La victime est la seule, avec son agresseur, à savoir ce qui
s’est réellement passé. Elle contribue pleinement à la résolution éventuelle
de l’enquête. Et par ce fait, elle est actrice de sa propre reconstruction et
de la prévention sociale. FATTAH, E. A. 1997a. Criminology: Past, Present and
Future— A Critical Overview, London: Macmillan Press Limited. New York: St. Martin’s Press. MENDELSOHN B. 1963. The origin of the doctrine of victimology, Excerpta
Criminologica, May-June (3):239-244 NEGRIER-DORMONT, L. 1995. La
recherche fondamentale en victimologie : l’apport du criminologue, Forensic,1 :
9-10 SPITZER S., 2004. Profil
victimologique et autopsie psychologique, Gazette RCMP, 66 (4) :32-33 UNIVERSITE DE RECHERCHE EN
CRIMINOLOGIE. 1973. Contribution aux études victimologiques, Cahiers de
criminologie et de pathologie sociale, 4 VON HENTIG, H. 1948. The Criminal and His
Victim, New
Haven: Yale University Press. © Sylvianne Spitzer psychologie criminelle, profil criminel,
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